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Essi Mag
29 juin 2007

Hervé Bod, dans la tête des footballeurs

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Herv_Psychologue sportif, il évoque les spécificités de sa profession

Hervé Bod, jeune Français originaire de la Martinique, est psychologue sportif. Un des rares de la communauté noire à exercer ce métier en France. Il intervient essentiellement sur la préparation mentale et psychique des joueurs de football. Il nous explique son parcours et les spécificités de sa profession.

Hervé Bod, 31 ans, s’est découvert après ses études secondaires des capacités d’écoute qui l’ont orienté vers la psychologie. Passionné aussi par le football, il a su trouver sa voie en associant la psychologie et le sport afin de s’épanouir professionnellement. Il a choisi d’accompagner des joueurs de football professionnels, notamment à Clairefontaine (région parisienne). Il a, par ailleurs, assuré le suivi psychologique de candidats de l’émission Les aventuriers de Koh-Lantah diffusée sur TF1 et des participants du documentaire Dans la peau d’un noir diffusé sur Canal Plus cette année.

Comment êtes-vous devenu psychologue sportif ?
Juste après mon bac, je me suis orienté vers le droit, mais cette filière ne me correspondait pas. Alors, j’ai commencé à me poser des questions sur mon avenir. Je me suis rendu compte que j’avais de bonnes capacités d’écoute, d’analyse et de feedback. Ce sont, pour moi, des qualités naturelles qui étaient compatibles avec la psychologie. J’en ai discuté avec l’un de mes professeurs, à la fac de Villetaneuse, qui m’a encouragé à me lancer dans cette voie. J’étais, en parallèle, passionné par le football. Alors j’ai passé mon diplôme d’entraîneur (Brevet d’Etat d’Educateur Sportif 1er degré). Je me suis dit : pourquoi ne pas combiner la psychologie et le sport ?

Comment avez-vous présenté votre métier aux joueurs de football sachant que les gens ont souvent beaucoup d’a priori à l’égard des psychologues ?
En France, lorsque l’on parle d’accompagnement psychologique, les gens ont souvent tendance à l’associer à des difficultés mentales ou à des situations de détresse. Nous avons énormément de retard par rapport à l’Angleterre, l’Espagne ou l’Italie sur la question. Par mon métier d’entraîneur, beaucoup de joueurs et d’éducateurs me connaissaient déjà, et cela m’a rendu la tâche plus facile. Ils étaient demandeurs et avaient confiance en moi. Puis, de bouche à oreille, les gens sont venus vers moi. Il s’agit surtout de les accompagner pour les aider dans leurs carrières. Par ailleurs, il est utile de pouvoir se confier à des psychologues sur des choses personnelles pour être plus libre avant les entrainements ou les matchs. D’autant plus que nous sommes tenus par le secret professionnel.

Quelle est pour vous la différence entre un psychologue sportif et un coach ?
Les principales différences entre le coach et le psychologue résident dans la position, les objectifs et les outils qui varient selon que l’on s’adresse à l’un ou à l’autre. Le coach a une attitude plus directive que le psychologue qui, lui, serait d’abord animé par une neutralité bienveillante. Le psychologue, de par sa formation, est préparé à faire un travail d’investigation dans le passé du sujet. La fin peut être thérapeutique ou relative au bien être du sujet alors que le coach est plus dans une notion d’objectif, de rendement. Voilà pourquoi un psychologue qui bénéficie d’une formation en préparation mentale, ou dans un sens plus commun, en coaching, peut se permettre, à la fois, un travail vers le futur avec des objectifs précis et un travail sur le passé du sportif. Ce qui lui permet des prises de conscience profondes et offre la possibilité de découvrir, par exemple, l’origine de certaines inhibitions. Donc, à moyen et long termes, une meilleure connaissance et maîtrise de soi.

Quel est votre rôle ?
Mon rôle est d’accompagner le sportif dans les différentes problématiques qu’il peut être amené à rencontrer. Qu’elles soient en rapport avec la pratique de son sport ou sa vie d’Homme telle que nous la vivons vous et moi. L’objectif induit est de donner du sens à ce qui est dit et fait, mais également, et c’est ce que l’on ignore peut-être, de gagner du temps. Car comprendre certaines choses, ou exploiter certaines qualités ne conditionne pas la carrière et la vie de façon égale si cela est fait à 20-25 ans plutôt qu’à 30-35 ans.

Et concrètement ?
Mon rôle varie selon la collaboration mise en place. Mais de façon générale on peut dire que les sportifs s’expriment avec leur corps et se dépensent beaucoup plus qu’un sujet lambda par ce biais. Par un certain nombre d’attitudes le sportif communique de façon non verbale. Ce dernier est également au cœur d’une dynamique répétitive mise en place pour la performance et qui va parfois au-delà de ces limites. Ces limites sont physiques, mais également, plus souvent qu’on ne le pense, mentales ou psychiques. Il suffit d’une défaillance, d’un problème personnel pour enrayer la machine. C’est là que j’interviens. Le seul fait d’en parler à une oreille experte les aide à mieux appréhender leurs situations et à prendre du recul sur ce qui se joue pour eux au niveau psychique. Avec cela, il y a tout un travail à faire pour savoir quelles limites ils ont atteint, comment faire pour les dépasser ou simplement comment faire avec de la façon la plus rentable possible. Nous sommes, dans ce cas, dans l’optimisation de la pratique.

De quels joueurs vous êtes-vous occupé ?
J’ai suivi, par exemple, Aboubacar Camara (Titi Camara, ndlr) dès son retour d’Angleterre. C’est un international de football guinéen qui a, entre autres, évolué à Saint Etienne, Lens, Marseille et Liverpool. Je travaille encore avec d’autres joueurs dont je ne souhaite pas citer les noms.

Votre rôle de psychologue s’arrête t-il seulement à la personne dans sa pratique sportive ?
Il est important de comprendre que le travail s’effectue à un double niveau. Pour celui que nous venons de voir, qui pourrait se résumer à une analyse du sujet par rapport à sa pratique sportive, nous parlons alors de préparation mentale. Le second niveau, qui s’étale différemment dans le temps, vise à mettre le sujet en rapport avec sa vie d’homme et pas uniquement de sportif. Sachant que plus le niveau est élevé, plus la pratique est médiatisée, plus les sources de conflits psychiques peuvent apparaître. Et cela de façon d’autant plus amplifiée que la médiatisation est grande, avec tout ce que cela peut comporter comme problèmes de dépression, d’agressivité, de dopage. Nous abordons là le pur travail de psychologue. Le suivi psychologique, tel que je le pratique, comprends les sphères sportives et humaines, mais également passées et futures.

http://www.afrik.com/article12009.html

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